" Mon père lui il disait toujours "le soleil c'est mauvais pour la peau et les droits de l'Homme" "  Y.B. Allah superstar

Jugés depuis le mercredi 29 mars, les trois frêres, maris et concubins de trois soeurs, tous accusés d'avoir abusé de leurs dix enfants, ont détaillé leur vie commune.

Dans le box, ils sont rangés par couple. Patrick avec Madeleine, Didier avec Fernande, Sylvain avec Madeleine et tout au bout, Renée avec son sac. Trois frères, maris et concubins de trois soeurs qui comparaissent, aux côtés de leur belle-mère et mère, depuis mercredi 29 mars devant la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer sous l'accusation de viols, d'agressions sexuelles ou de corruption de mineurs à l'encontre de leurs dix enfants.

La cour a commencé par Patrick D. Des trois frères, c'est le plus débrouillard, le seul, aussi, à avoir le permis de conduire et une voiture, ce qui le pose en vrai chef de famille. "J'ai passé un CAP de tourneur, je l'ai pas eu. Après j'ai été chauffagiste, mais j'ai tombé de l'échelle. Après j'ai eu un CAP d'agent de traitement des déchets industriels, j'étais derrière le camion pour les ordures ménagères. J'ai voulu passer le CAP de mécanique, il fallait détecter une panne, j'ai pas vu la panne, j'ai pas eu le CAP", explique-t-il.

Dans sa biographie, il n'oublie pas non plus les "vingt-cinq ans de musique", dans la fanfare, au "tambour". Depuis, Patrick D. a eu son "diplôme de chauffeur de bus". "Et je le dis bien haut, ajoute-t-il, c'est pour transporter les enfants à l'école quand toute cette affaire sera finie."

"C'EST DE BONS GAMINS"

Comme il est à la barre, Patrick tient aussi à présenter Madeleine V., parce que, explique-t-il, "je sais pas comment ça va faire avec les jurés, Madeleine, y a que moi qui la comprends". Il dit qu'il l'"aime très fort, même plus fort qu'avant" et aussi qu'elle "est un peu... pas débile légère... non, pas simplette, non plus, mais enfin, elle dit tout haut des choses qu'il faut pas dire".

Il se trouve que, devant le juge d'instruction, Madeleine V. a dit que Patrick D. était violent, qu'il l'avait forcée à coucher avec ses frères et que tous frappaient les enfants et mettaient de temps en temps la main dans la culotte de leurs filles ou nièces. "Madeleine est très jalouse", explique Patrick D., qui reconnaît qu'elle a des raisons de l'être. Pendant l'instruction, il lui a avoué qu'il avait eu des relations avec sa soeur Fabienne et que les deux derniers des quatre enfants de celle-ci étaient de lui. "J'ai une femme, j'ai une maîtresse, c'est pas pour ça qu'on doit me mettre en prison, hein, parce que si on envoyait en prison tous ceux qui ont une maîtresse... Moi, au moins je l'avoue", se défend-il.

"Pour qu'il n'y ait pas de jaloux, j'ai incité Madeleine à aller avec mes frères. Mais y avait pas d'enfants là-dedans, c'était qu'entre adultes", raconte, tout aussi tranquillement, Patrick D. Lorsqu'elle vient à son tour à la barre, Madeleine V. confirme tout ce qu'a dit Patrick D. et dément tout ce qu'elle a raconté au juge : "J'étais consentante, ça se fait, c'est tout."

Quant aux deux enfants que son mari a eus avec sa soeur, "maintenant qu'ils sont là, on va pas les tuer !", soupire-t-elle en haussant les épaules. Quand elle était petite, Madeleine V. rêvait d'être "femme de ménage, parce que j'aime bien faire les carreaux, tout ça". Elle a eu son premier enfant à 20 ans - "c'est l'âge" - trois autres ont suivi.

A 41 ans, Didier D. n'a plus de dents et près de trente ans de traitement aux neuroleptiques derrière lui. Son rêve à lui, c'était de devenir "commandant de la gendarmerie en région parisienne", avant de plonger dans une dépression nerveuse et de travailler dans un centre d'aide pour les handicapés à "faire des boîtes de conserve pour chiens et chats". Au juge qui lui demandait de se décrire, il avait dit : "Je suis gentil, j'ai bon appétit et je tombe vite amoureux."

Il est tombé amoureux de Fernande V. à l'hôpital psychiatrique où elle séjournait pour une tentative de suicide, il a reconnu sa fille, née d'une première union, et lui a fait deux autres enfants. C'est d'ailleurs lui qui a présenté ses frères à ses belles-soeurs : "C'était plus facile comme ça, on avait la même belle-mère." Depuis, Fernande V. l'a quitté et Didier D. est retourné vivre chez sa mère, Yvonne. Devant la cour d'assises, elle est venue témoigner.

Sur ses fils, Yvonne D. est intarissable : "Tous mes garçons, c'est des bons gamins, je les ai bien élevés. C'est pas des gamins à faire des saletés sur les enfants." Même Christian, un autre de ses fils, qui a été condamné pour agression sexuelle sur la fille aînée de Fernande D. De ses belles-filles, elle dit qu'elles avaient "chacune leur caractère". Fernande, "elle est spéciale". "Madeleine, ça va, sauf qu'elle s'énerve si elle a pas ses cigarettes, assure-t-elle. Et puis elle, c'est pâte-purée tout le temps." Madeleine est furieuse. "Je faisais la soupe tous les jours, des pâtes, des frites et des fois du boeuf mode", corrige-t-elle.                                                                     

Pascale Robert-Diard
Journal Le Monde

Article paru dans l'édition du 01.04.06

Seul quatre génocides sont reconnus par l'ONU aujourd'hui. ( Shoa, Armeniens, Rwandais, Srebrenica )
Le massacre Kmer Rouge au Cambodge ( 1975-1979 = 1,7 millions de morts ), les tueries allemandes contre les Hereros (population de Namibie) en 1905 =100 000 morts, les arméniens sur les Azéris et maintenant le Darfour... C'est quoi alors ?

Pour plus d'informations sur le terme Génocide, très peu employé par l'ONU, cliquez ici !

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Seul rai de lumière dans le trou noir français, signalons la diffusion ce matin (9h10-10h) sur France Inter dans l'émission Interception

d'un intéressant reportage de Philippe Reltien sur "Les braises du Darfour". Il donne la parole à des villageois, des réfugiés, et des responsables de l’ONU et de Médecins Sans Frontières, sur place.
L'émission sera rediffusée cette nuit entre 4h et 5h. Sinon, plus simplement, il est possible de l'écouter toute la semaine via Internet à cette adresse (où l'on trouve aussi des liens intéressants sur la crise au Darfour et une galerie de photos).

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                                                                                        Pour info : 

«  Quelquefois je manque le lycée. Nous allons manger dans la ville la nuit. Il me douche, il me lave, il me rince, il adore, il me farde et il m'habille, il m'adore. Je suis la préférée de sa vie. »
Marguerite Duras

"La jouissance et les désirs
Sont ce que l'homme a de plus rare,
Mais ce ne sont pas vrais plaisirs
Dès le moment qu'on les sépare."

«Quelquefois même cette heure prématurée sonnait deux coups de plus que la dernière; il y en avait donc une que je n'avais pas entendue, quelque chose qui avait eu lieu n'avait pas eu lieu pour moi; l'intêret de la lecture, magique comme un profond sommeil [...]»                                                              Marcel Proust

« Ce que je reproche aux journaux c'est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a les choses essentielles » 

« Je n'ai jamais analysé le fait, grave, que le compte préféré de mon enfance était Le Vilain Petit Canard. Je le lisait souvent, et à chaque fois, je ne manquais pas de pleurer. J'y pensais souvent, dans la rue, au lit avant de m'endormir, etc., comme a une consolation qui me vengerait de tous et de tout. Cela éclaire le moteur secret de ma vie beaucoup mieux que mes grandes lectures de jeunesse qui, croyais-je, ont déterminé ma route. »    Imre Kertész

Prints :                                

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